Structuration phonologique d’un système pour annoter les langues des signes : Typannot - Formes et représentations en linguistique et littérature Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2015

Phonological structuring of a glyph system for annotating sign languages: Typannot

Structuration phonologique d’un système pour annoter les langues des signes : Typannot

Strutturazione fonologica di un sistema di glifi per annotare le lingue dei segni: Typannot

Résumé

Les systèmes d’écriture existants pour les Langues des Signes (LS) (SignWriting [Sutton 1974], Hamnosys [Prillwitz et al. 1989], SIS5) n’ont que très peu pris en compte les résultats de la phonologie des LS. Pourtant la diversité des approches en phonologie et la portée des résultats notamment pour les configurations (conformation stabilisée de la main et des doigts) sont très riches et couvrent parfois de nombreuses langues (Sandler 2012, Johnson & Liddell 2011, Ann 2005, Eccarius & Brentari 2008). Nous exposons ici les règles de construction d’un système graphématique capable de couvrir l’ensemble des configurations des LS du monde, composé de tracés modulaires, basée sur la description phonologique de Brentari (modèle prosodique), offrant une lecture aisée (legibility, McMonnies 1999), une écriture simple, non ambiguë et requêtable, réalisée dans le cadre d’un projet pluridisciplinaire convoquant linguistes et designers typographes.237 handshapes sont représentées sur la base de la description phonologique d’Eccarius & Brentari faite pour 9 LS (2008). Le système de description phonologique initial est réduit à 9 règles ; ceci permet de diminuer le nombre d’informations nécessaire à la graphie/lecture. Le système graphématique et glyphique, modulable, est extensible à de nouvelles configurations si besoin, incluant potentiellement les 120 LS du monde (recensement Ethnologue.org). Notons que la description adoptée -Eccarius & Brentari- assure une couverture assez complète des configurations existantes dans les LS (237 ici contre 250 pour SignWriting basé sur une combinatoire théorique).Certaines relations entre phonologie et substrat phonétique sont interrogées dans cette présentation ; notamment, l’appréciation de l’influence qu’exerce la praxis gestuelle sur la gestuelle symbolique. Quels rôles les configurations de préhension (Napier 1956) jouent-elles sur les configurations dans les LS ? Pour cela nous nous intéressons dans un premier temps aux flexions des doigts (prises digito-palmaires), puis au verrouillage avec le pouce (pouce opposé). La distribution de la sélection des doigts et l’autonomie de chacun seront abordées, ainsi que leur comportement (flexion, extension, écartement) jusqu’à savoir sur quelle(s) phalange(s) la flexion opère.Parmi les 4 doigts, hormis le pouce donc, un gradient croissant de sélection allant de l’auriculaire à l’index se dessine, marquant une sélection préférentielle pour l’index et le majeur. Ces quatre doigts ne présentent pas la même autonomie. Sans réelle surprise, l’index est le doigt qui présente le plus grand nombre d’occurrences lorsqu’il apparaît seul, même si son association avec d’autres doigts est assez équilibrée. A l’inverse, l’annulaire n’est absolument pas autonome. De plus il n’apparaît que très peu lié à un autre doigt adjacent -auriculaire ou majeur-, mais est plutôt sélectionné avec deux autres doigts adjacents et très majoritairement avec les trois autres doigts. L’autonomie des doigts est donc très contrastée comme on le voit d’ailleurs dans les tâches de saisie d’objets. Elle n’est pas en rapport avec le nombre de sélection des doigts et laisse présager que le gradient de sélection intervient hiérarchiquement avant l'autonomie des doigts.Les doigts sont sélectionnés de manière ordonnée et croissante, ils ne présentent pas la même autonomie les uns par rapport aux autres. Ont-ils malgré cela, un comportement similaire (mêmes traits) ? Cette question revient à savoir si l’autonomie a un impact sur le comportement. Ce n’est pas le cas ; les doigts présentent le même comportement. Cette similarité ne dépend pas d’un type de configuration en particulier (‘’B’’ [sélection des 4 doigts] ou ‘’U’’ [sélection du majeur et de l’index] par exemple). Par contre le comportement diffère selon qu’on s’intéresse aux premières phalanges ou aux deuxièmes et troisièmes. En résumé, la sélection des doigts répond à un gradient croissant de l’auriculaire à l’index correspondant à ce qu’on remarque dans le recrutement des doigts pour la préhension. Le comportement des doigts est similaire en termes de flexion et d’extension montrant ainsi une absence de spécialisation comportementale d’un des quatre doigts, contrairement à ce qu’on pourrait attendre de l’index par exemple (configuration ‘’1’’), souvent présenté dans les études sur les langues signées comme spécialisé dans le pointage (extension). Les lieux de changements concernent les phalanges quels que soient les doigts. De ce point de vue l’approche phonologique plus précise de Johnson & Liddell (2011) notant jusqu’aux phalanges est pertinente. Toutefois, par delà la dimension phonologique, il semble que le niveau phonétique, c’est-à-dire ici la préhension, part praxique de la gestuelle, joue un rôle prépondérant dans l’inventaire des configurations pour les langues signées.L’étude sur le pouce qui sera également présentée ici corrobore l’incorporation de la préhension dans les configurations symboliques.Certains éléments saillants -souvent liés à cette préhension sous-jacente- ont guidé les choix graphiques des glyphes du système d’annotation Typannot. Le comportement identique des quatre doigts nous a poussé à ne pas les différencier graphiquement (contrairement à SignWriting). La flexion/extension de certaines phalanges oriente la représentation glyphique des configurations (de face versus de trois-quarts face). La flexion maximale de l’ensemble des phalanges lorsque les doigts ne sont pas sélectionnés n’est pas marquée, par contre elle l’est graphiquement lorsqu’il s’agit de l’extension. Eccarius & Brentari quant à elles, marquent les deux. L’accolement des doigts (versus leur écartement latéral) est traité graphiquement comme un tout par un contour enveloppant l’ensemble des doigts accolés renvoyant à la massivité vs la dispersion de la prise ; en référence aux deux catégories de préhension de Napier : saisie de force avec des doigts accolés versus de précision (doigts écartés).Ainsi on peut dire que la phonologie a structuré le système glyphique Typannot dans son ensemble y compris dans ses allers-retours vers la phonétique.RéférencesAnn, Jean. « A functional explanation of Taiwan Sign Language handshape frequency ». Language and Linguistics - Taipei 6, n° 2 (2005): 217.Eccarius, Petra, et Diane Brentari. « Handshape coding made easier; a theoretically based notation for phonological transcription ». Sign Language & Linguistics 11, n° 1 (2008): 69-101.Johnson, Robert E., et Scott K. Liddell. « Toward a phonetic representation of hand configuration: the fingers ». Sign Language Studies 12, n° 1 (2011): 5-45. doi: 10.1353/sls.2011.0013.McMonnies, Charles W. « Chart construction and letter legibility/readability ». Ophthalmic and Physiological Optics 19, no 6 (1999): 498-506. doi: 10.1046/j.1475-1313.1999.00460.x.Napier, John R. « The prehensile movements of the human hand ». Journal of Bone and Joint Surgery 38, n° 4 (1956): 902-913.Prillwitz S., R. Leven, H. Zienert, T. Hanke, et J. Henning. Hamburg notation system for sign languages: an introductory guide. Signum Press, Hamburg, 1989.Sandler, Wendy. « The phonological organization of Sign Languages: Sign Language phonology ». Language and Linguistics Compass 6, n° 3 (mars 2012): 162-82. doi: 10.1002/lnc3.326.Sutton, Valery. « SignWriting for Sign Languages ». Consulté le 26 octobre 2013. http://www.signwriting.org/

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Linguistique
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-02342981 , version 1 (15-05-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02342981 , version 1

Citer

Dominique Boutet, Claudia S. Bianchini, Claire Danet, Patrick Doan, Thimothée Goguely, et al.. Structuration phonologique d’un système pour annoter les langues des signes : Typannot. 13e Rencontre du Réseau Français de Phonologie, Université Michel de Montaigne, Jun 2015, Bordeaux, France. pp.41-43. ⟨hal-02342981⟩
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